« En sept ans de carrière, un seul de nos clients dirigeants a opté pour la retraite progressive », Laëtitia Jeannin-Naltet (Emargence)
Nous y sommes ! La réforme des retraites tant débattue est bien entrée en vigueur le 1er septembre 2023.
Pour mémoire, la réforme relève progressivement l’âge légal de la retraite à 64 ans et aménage plusieurs dispositifs tels que la retraite anticipée (carrière longue, handicap, invalidité…), le cumul emploi-retraite ou la retraite progressive qui n’a pas remporté grand succès jusqu’à ce jour …
Autant de questions auxquelles seront confrontés les dirigeants, ou les salariés, nécessitant l’accompagnement d’un spécialiste pour les conseiller de manière concrète et les aider à préparer leur retraite comme le souligne Laetitia Jeannin-Naltet, expert-comptable associée et directrice du pôle social au sein du cabinet Emargence.
Quels sont vos arguments pour inciter les dirigeants à anticiper au plus tôt leur départ à la retraite ?
Il est primordial pour les dirigeants d’entreprise d’effectuer un bilan retraite quelques années avant leur départ à la retraite afin de passer en revue leur carrière depuis le début de leur activité professionnelle et de s’assurer que le relevé de carrière est exhaustif au regard des informations transmises. Il s’agit par exemple de vérifier s’il ne manque pas de trimestres ou de points Agirc Arrco, comme beaucoup ont été salariés avant d’être travailleurs indépendants.
Avoir connaissance des éventuelles anomalies figurant sur le relevé de carrière permet de les faire rectifier au plus tôt.
Le bilan permet de pouvoir se projeter sur les quelques années restantes avant un départ à la retraite. Les points de vigilance ayant été soulignés, nous établissons une stratégie retraite en fonction de leurs besoins dans les 8 à 10 prochaines années au regard de leur activité professionnelle et de leurs revenus : évolution des revenus, rachat de trimestres, étude d’un cumul emploi-retraite éventuels.
Au regard du montant calculé de la future pension, il peut alors être intéressant de mettre en place un plan d’épargne retraite ou d’envisager un investissement dans l’immobilier (par exemple, au sein des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI)). Les revenus générés viendront compléter la pension servie.
Un lancement de la liquidation des droits est nécessaire quatre à cinq mois avant la date de départ à la retraite afin d’être assuré de percevoir une pension dans les premières semaines. Nous sommes actuellement confrontés à des délais importants sans versement et des salaires annuels moyens erronés. Il est important de contrôler tous les documents émis dans le cadre de la procédure de liquidation.
Un accompagnement s’avère d’autant plus indispensable pour les dirigeants qui seront concernés dans les 1ers mois de la réforme pour mettre en place un plan et sécuriser leur avenir.
Justement, quels sont les avantages d’un plan épargne retraite ?
Dans le cadre de la loi Pacte, l’avantage principal d’un plan épargne retraite (PER) est de pouvoir déduire fiscalement les versements tout en se constituant un revenu futur. Ils viennent minorer le revenu fiscal soumis à l’IRPP. Le PER permet ainsi de se constituer un revenu futur avec un avantage fiscal à date.
Au regard des changements apportés par la réforme des retraite, quel dispositif de transition emploi-retraite conseillez-vous aux dirigeants ?
Actuellement, la majorité des travailleurs indépendants sont plus enclins à se diriger vers le dispositif du cumul emploi-retraite, étant inquiets de leurs futurs revenus après avoir cédé leur entreprise. En moyenne, 9 dirigeants d’entreprise sur 10 sollicitent un cumul emploi-retraite malgré l’absence de génération de droits futurs sous la précédente législation contre 2 salariés sur 10.
Le dispositif de la retraite progressive remporte donc moins de succès en pratique auprès des dirigeants que des salariés. En effet, en raison de la petite taille de leur entreprise, la plupart de nos clients travailleurs indépendants s’inquiète de son impact financier sur la masse salariale et la gestion du poste au quotidien. Ce dispositif est plus facilement intégrable auprès des entreprises de plus de cent salariés, par exemple, où il est plus simple de répartir les tâches ou de recruter à temps partiel pour compléter l’absence du futur retraité.
En sept ans d’accompagnement des clients sur ces sujets, un seul de nos clients dirigeants a opté pour le dispositif de la retraite progressive ! Mais cela peut évoluer grâce aux changements apportés par la réforme…
Vous êtes sortie major de promo du Certificat retraite Factorielles, quel est l’apport de cette certification dans le cadre de votre activité professionnelle ?
Je suis très fière d’avoir participé au certificat retraite Factorielles.
Cette certification m’a permis d’échanger avec d’autres personnes réalisant ces missions pour partager notre pratique, de conforter un certain nombre de points que j’avais notamment acquis sur le terrain, et de développer de nouveaux réflexes dans le cadre de mes missions.