Qui dit vrai sur l’équilibre des régimes de retraite ?
Dans le courant de l’été, à la suite de l’avis annuel du Comité de suivi des retraites, le Gouvernement annonçait que « la France a su remettre son système de retraites sur la voie d’un équilibre financier durable ». Un état plutôt satisfaisant dû aux différentes réformes engagées depuis plus de 20 ans.
Le Comité estime que la situation et les perspectives du système de retraites ne s’éloignent pas de façon significative des objectifs définis par la loi. Il ne formule pas de recommandations pour l’année en cours. Une année 2016 plutôt réussie puisque selon les dernières données provenant du projet de loi de Financement de la Sécurité sociale pour 2017, le déficit de la branche retraite devrait atteindre – 2,7 milliards d’euros, se décomposant en :
- Un excédent de 1,1 milliard pour la branche vieillesse du régime général (contre 0,5 milliard prévu)
- Un déficit de 3,8 milliards pour le Fonds de solidarité vieillesse (contre 3,7 milliards prévus)
Il n’en fallait pour moins pour que la ministre des affaires sociales ne déclare que la question de l'âge du départ en retraite n'était plus un sujet et surtout qu’il ne fallait pas écouter l’opposition, porteuse de message d’anxiété.
Cette approche optimiste tranche pourtant avec les conclusions du rapport du Comité de suivi des retraites ? Ce dernier précise tout de même que l’assurance retraite du régime général « doit faire face à une situation dégradée du fonds de solidarité vieillesse (FSV) durablement déficitaire » (-3,6 milliards en 2017 et -2,8 milliards en 2018 selon les prévisions de la loi de Financement de la Sécurité sociale pour 2016) et ce malgré « des excédents retrouvés pour la branche vieillesse. »
Et que dire de l’avenir ? Là encore le Comité de suivi des retraites se montre prudent. « A partir de 1,3 % de croissance annuelle de la productivité, l’équilibre financier du système dans son ensemble serait atteint à compter du milieu des années 2020 mais avec des hypothèses de croissance plus faibles, l’équilibre ne pourrait être atteint sans mesures complémentaires », indique-t-il.
Le Comité de suivi des retraites précise que « les réformes faites depuis vingt ans permettent de faire face au changement démographique dès lors qu’une croissance d’environ 1,5 % de la productivité est obtenue en moyenne sur longue période. Mais en cas de croissance inférieure, la question est celle de l’équilibre financier et, par conséquent, des mesures à prendre en mobilisant les trois leviers des âges de départ en retraite, des taux de remplacement et des prélèvements affectés au système. »
Plus récemment, la Cour des comptes est revenue sur le sujet en affirmant que « l’examen de la soutenabilité à moyen et à long terme des régimes de retraite des salariés du secteur privé faisait apparaître un risque de forte augmentation des déficits au cours de la seconde moitié des années 2020, tout particulièrement dans le régime de base. »
La Cour met en avant que dans un scénario prudent (croissance annuelle de la productivité du travail de 1,3 % et avec un taux de chômage de 7 %) et a fortiori dans un scénario dégradé (croissance annuelle de la productivité du travail de 1 % et taux de chômage de 7 %), « le besoin de financement de la branche vieillesse du régime général s’alourdirait significativement après 2025 ou 2030 (entre - 3 et - 7 milliards selon les scénarios) et ce, après une brève phase d’équilibre ou de quasi équilibre au milieu des années 2020. »
La morale de l’histoire est qu’avec de telles écarts selon les hypothèses macroéconomiques, il n’est guère prudent d’affirmer que le système de retraite est sauvé et qu’il ne demandera pas de nouvelles réformes… Même si l’on peut se réjouir d’une amélioration des comptes à court terme.
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