« S’ils préparaient leur retraite au moins dix ans avant, les assurés auraient de meilleures surprises qu’aujourd’hui » (Matthieu Weiss, Cerfrance)

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« S’ils préparaient leur retraite au moins dix ans avant, les assurés auraient de meilleures surprises qu’aujourd’hui  » (Matthieu Weiss, Cerfrance)

Les concertations autour de la réforme des retraites ont repris dans l’objectif d’une entrée en vigueur à l’été 2023.

Parmi les mesures phares de la réforme, le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans ; une mesure qui suscite le rejet d’une majorité des Français mais également des organisations syndicales.

Le passage à la retraite se traduit généralement par une baisse de revenus. Ainsi, en 2020, le taux de remplacement, soit le rapport entre le montant du dernier revenu d’activité perçu et la pension de retraite, s’élevait à près de 75 %.

Afin de se prémunir contre cette diminution prévisible des ressources, la préparation de sa retraite constitue un passage obligé. Le point avec Matthieu Weiss, conseiller d’entreprise chez Cerfrance et major de promo du certificat retraite de Factorielles.

Previssima - Selon vous, pourquoi le dirigeant doit-il anticiper la préparation de sa retraite ?

Matthieu Weiss – Anticiper la préparation de sa retraite est à mon sens primordial. Dans mon activité, je constate toutefois que les dirigeants commencent à s’y pencher dans les meilleurs cas, un, deux, voire trois ans avant l’échéance et bien souvent, il est trop tard pour préparer les choses.

Pourtant, généralement, la question de la retraite amène beaucoup d’interrogations notamment sur l’âge, les conditions de départ et le montant de la pension, voire certaines inquiétudes exacerbées par ce contexte de réforme des retraites.

Idéalement, je dirais que plus tôt on s’y prépare, mieux c’est. Si l’on se penche sur cette échéance au minimum dix ans avant, ce serait déjà bien ; cet intervalle laisserait le temps de mettre en place des solutions qui auraient un impact au moment de la retraite.

Si l’on prend l’exemple des produits de retraite supplémentaire, pour un montant de capital ou de rente égal, plus on commence à cotiser tard, plus il va falloir payer un niveau de prime élevé ; a contrario, plus on s’y met tôt, moins l’impact va être lourd sur plusieurs années.

Si tout le monde préparait sa retraite au moins dix ans avant, les assurés auraient de belles surprises.

Vous accompagnez beaucoup de jeunes créateurs, quel est leur regard sur la retraite ?

En effet, je conseille au quotidien de nombreux chefs d’entreprise dont de jeunes créateurs ou repreneurs d’entreprise. Je dirais que leur projet actuel consiste plutôt à développer l’entreprise, rembourser les prêts et sur le moyen terme, payer les études des enfants.

Il est vrai que la retraite ne constitue pas leur préoccupation immédiate. Ils commencent à s’y pencher au bout de quelques années, lorsque l’entreprise devient rentable, qu’ils perçoivent une rémunération confortable ; ils cherchent alors un moyen d’améliorer leur rémunération soit actuelle, soit future.

Je remarque toutefois qu’il y a une ébauche d’évolution notamment chez les 30 à 40 ans : ils n’attendent pas grand-chose de la retraite et estiment qu’ils devront se constituer leur propre pension.

D’ailleurs, chez les jeunes, il faut rappeler que l’achat d’une maison constitue une première étape vers la préparation de la retraite, puisqu’elle permet d’éviter le paiement d’un loyer à la retraite et apporte donc un gain de pouvoir d’achat.

Quel est l’intérêt du bilan de retraite ?

Selon moi, il est en premier lieu impératif de réaliser un bilan de retraite pour en savoir plus sur cette échéance, mais également sur le montant de la future pension. Ces informations vont en effet permettre de mettre en place les solutions d’optimisation les plus adéquates.

Lorsque je fais un bilan de retraite, j'interroge mon client sur le niveau de pension qu'il pense percevoir et s’il estime que ce montant est suffisant pour vivre convenablement. Dans le cas contraire, nous déterminons le montant de pension qu’il lui faudrait afin de vivre confortablement et les leviers à actionner dans cette optique.

Je remarque que beaucoup négligent certains besoins futurs, que l’on peut retrouver avec la courbe des besoins : dans un premier temps profiter de sa retraite (voyages, famille, etc.), mais également pour certains, régler les frais liés aux études des enfants, sans oublier le coût d’une entrée en maison de retraite, le risque de dépendance et les conséquences financières qui en découlent. Il est donc nécessaire de prévoir financièrement ces échéances.

En outre, il ne faut pas oublier que lorsque l’on est un dirigeant en activité, certaines dépenses peuvent être incluses dans les charges de l’entreprise : complémentaire santé, véhicule, téléphonie… Ces éléments constitueront des frais supplémentaires à la retraite et il faudra les prendre en compte dans la courbe des besoins futurs.

Quels sont les dispositifs permettant au dirigeant d’optimiser sa pension de retraite ?

En tant que conseiller du chef d’entreprise, on pourra étudier l’impact de son statut social sur sa retraite. Ainsi, l’arbitrage rémunération/dividendes ou encore le changement de statut social font partie des aspects que l’on étudie avec nos clients pour optimiser leur niveau de pension future.

Si cela est pertinent, on peut également les orienter vers les dispositifs des régimes obligatoires : rachat de trimestres, retraite progressive, cumul emploi-retraite.

Enfin, dans le cadre d’une étude, si l’on trouve qu’il est opportun de mettre en place un Plan d’épargne retraite (PER), on va soumettre l’idée au chef d’entreprise, lui expliquer notamment pourquoi cette option est intéressante pour lui mais aussi, quel niveau de versement mettre en place pour atteindre tel niveau de pension.

Mon activité est orientée autour du conseil, je ne vends pas de produits mais je peux être amené à en préconiser la souscription si je juge cela pertinent. Si mon client est intéressé par l’instauration d’un contrat retraite supplémentaire, je vais lui conseiller de se rapprocher de son assureur ou de son banquier. Il pourra par la suite me remettre les propositions de contrat que je vais étudier et comparer afin de l’aider à sélectionner la meilleure offre.

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